dimanche 27 novembre 2016

Nov 2016 Trek à Madagascar (2/2)

Samedi 26/11
6h11 J'ai décidé aujourd'hui d'écrire en temps réel plutôt qu'en fin de journée. Car je me suis relu hier et et je trouve que mon récit manque d'émotions captées sur le moment. Quand je dis en tant réel,  je veux dire dans la journée,  à quelques heures d'intervalle. Évidemment ! !!

Je suis actuellement debout,  un pied sur le rebord d'un escalier,  tapotant sur mon smartphone. J'entends au loin une douce litanie qui me fait penser à un chant religieux.  La route qui s'étend devant moi, en perpendiculaire de l'hôtel, est surtout fréquentée par une foule hétéroclite qui déambule dans les 2 sens. Une R5 des années 70 vient de passer. Une R4 suivra quelques minutes plus tard.

Nous allons prendre le train malgache  aujourd'hui. Il paraît que c'est une attraction touristique,  car atypique et toujours en retard. Une femme vient de s'arrêter et nous regarde avec des grands yeux. Elle est habillée à la mode coloniale, avec un ensemble beige et rouge et un chapeau de paille beige. Elle me fixe directement maintenant.  Ces yeux couleurs charbons sont remplis de tristesse et de résignation. Elle tend la main, n'obtient rien, soupire et s'en va en gromelant on ne sait quoi.
Je pourrais rester longtemps à décrire les passants qui marchent pieds nus, un panier en osier sur la tête, des habits assez coloriés malgré un état de pauvreté évident . .. Notre bus décolle.  Le soleil se lève et ses rayons commencent déjà à taper.

6h45 Nous arrivons la gare, accueillis par une nuée de gamins qui répètent la même litanie "Voulez-vous acheter mes cartes postales ?  La maîtresse nous dit que la mendicité ce n'est pas bien ". Non malheureusement,  non. Je n'achèterai rien. Toujours rien.
Un jeune vient me parler. Il s'appelle Daniel et a 16 ans. Il est en 2nde. Son rêve est d'être mécanicien.  Il vit avec sa grand-mère. Son grand-père vend du charbon.  Il gagne sa vie en faisant guide pour touriste.  Très sympathique ce Daniel !

7h30 Et maintenant c'est Bénédicte.  Jeune fille de 18ans, elle est en 2nde année de droit. Sa maman est française et son père malgache. Elle est un peu désabusée,  mais garde la tête sur les épaules.  Elle avait une bande d'amies en 4ème. Elle s'est rapidement rendue compte qu'ils étaient plus intéressée par son statut de waza (étranger), et qu'ils s'affichaient avec elle comme on s'affiche avec un trophée.  Côté amoureux, c'est pas mieux . Son ex petit copain, en 5ème année de médecine, voulait se marier avec elle et la garder au foyer. "Pas question" dit-elle de son regard fière "Je n'ai pas trimée toutes ces années pour me retrouver femme au foyer soumise à mon Mari".  Son téléphone sonna. Son oncle venait d'arriver.  Elle se leva et s'éloigna,  droite comme un I.

8h15 Camille, le frère de Daniel revient à la charge. Il nous montre dans la paume de samain des pièces en euros qi'il veut échanger contre un billet.  Nos réflexes de parisiens me reviennent rapidement.  Et si c'était des fausses pièces ?  Tant pis, je prends le risque et lui échange  pour 3€50 de monnaie.  Pas grand chose c'est vrai mais c'est au moins ça !
Nous attendons toujours le train qui devait partir à 7h. "Moura Moura" comme on dit ici. On devine ce que cela veut dire !

9h Mouvement de foule. Ça y est on monte dans le train.  1ère classe SVP. On s'installe, on attend et puis rien. C'est vrai on est à Madagascar.  Bon je redescends de mon wagon de première.  A gauche c'est le wagon de 2nde. On diraut qu'il date de la 2nde guerre mondiale. Il est à moitié rouillé.  On se demande s'il peut rouler,  à priori oui. A droite c'est la 3ème classe, un wagon sans sièges ou s'installe toute la misère du monde.

10h Le train démarre enfin. Je penche la tête par la fenêtre,  je vois des gens qui courent,  sautent dans le train en marche. Rapidement, le train prend sa vitesse de croisière,  50km à l'heure maximum.
Les gens sont massés tout au long de la voie à regarder le passage du train, nous faisant un petit coucou de la main.

10h30 Entrée du train à la gare. Il s'arrête progressivement. Et comme une seule personne une masse de vendeurs ambulants se lève pour proposer leur produit: banane frite, beignet ... et des mains se tendent du train avec des billets pour les achats. Le train repart. Je ne tarde pas à me rendormir,  bercé par le ronronnement de la locomotive,  et la fatigue accumulée

13h On est arrivé. On descend avec nos petits sacs à dos et nos packs de bouteilles. Le soleil tape fort. Les petis enfants sont partout, en guenilles,  pieds-nus souriant pour certains, portant toute la misère du monde pour d'autres (Je sais, je me répète mais j'aime bien la puissance de l'expression).
Notre hôtel est situé à 50 mètre,  juste au bord du quai.  Quand je dis hôtel,  je dois préciser.  Il s'agit d'un ensemble de bicoques en bois, avec toi en chaume. Hargh !  Pas de wifi, pas d'eau chaude, toilettes, hum ... Inconcevable !

14h Début de la randonnée pour aller voir la reine du village qui s'appelle Manala et appartenant à une ethnie dont j'ai oublié le nom. Nous marchions hardiment depuis quelques minutes quand le tonnerre commença à tonner.  Va-t-on échapper à la pluie ? Les premières gouttes commencèrent à tomber. Un trekkeur fit défection et rentra au campement.  
On se dépêche de mettre sa cape de pluie et protéger son sac à dos.  Et Zoum c'est parti. Le ciel s'est presque ouvert déversant des trombes d'eau. Le vent s'est mis à souffler comme un malade

14h30 Nous arrivons enfin. La cabane de la reine Manala est située au milieu du village. Elle nous invite à la rejoindre dans sa case ce que nous faisons volontiers,  pressés d'échapper à la douche.  Elle nous offre un rhum local à 70 degré, et de la cane à sucre. Quel luxe ! Nous restâmes une petite demie heure et rentrâmes par un autre chemin

Dimanche 27/11
4h30 Encore une courte nuit. Couché sur une petite natte à ras le sol, j'ai eu fu mal à m'endormir. Dans la jungle africaine, la nuit n'est jamais tranquille.  C'est un véritable orchestre symphonique fonctionnant en permanence. Une multitude d'oiseaux de nuit dialogant de jour comme de nuit.

5h30 Je dois me lever.  La journée commence tôt chez les malgaches. Une nuée d'ouvriers vont rejoindre leur chantier au pas de course. Petit déjeuner à 8h. Ça fait long ! Je me demande si nous réussirons à prendre le train ce soir. Il devrait passer entre 20h et 22h

8h15 Départ de la marche.  La pente est très raide. Le parcours me fait penser à la jungle thaïlandaise. Sur le chemin le guide attire notre attention sur différentes plantes: fraises sauvages,  poivrier. ..et différentes espèces animales, lemurien en liberté,  papillon bleu.. Quelques sangsues essayèrent d'animer la marche sans succès.  On déplore quelques effusions de sang assez minimes suite au festin de ces bébêtes Le sentier montait de façon abrupte. Idem pour les descentes. J'étais assez content d'avoir mes 2 jambes supplémentaires  (bâtons de marche) qui m'ont évité à maintes fois la gamelle.

10h30 Nous atteignons le sommet de la montagne où nous avons une vue imprenable sur la vallée.  Nous reprenons le chemin pour aller à la cascade où nous allons déjeuner.

13h00 Arrivée à la cascade et déjeuner. Le ciel devenait menaçant et le tonnerre commençait à gronder. Encore une fois. Mince me dis-je, c'est à nouveau la course contre la montre.  Je demandais au guide le chemin : "Tu suis la voie du chemin de fer,  c'est après le 8ème tunnel.  Cela fait 3km à peu près". Je serrais les lanières de mon sac à dos et m'elançais sur la voie. Je doublais rapidement les autres trekkeurs (encore une fois) et me retrouvais seul sur la voie. Plus le tonnerre grondait, plus j'accélérais (bon, jusqu'à une certaine limite quand même). Au bout de 30mn à peu près, j'arrivais à la sortie du 8ème tunnel. Les petites bicoques en bois alignées des deux côtés du rail me confirmaient que j'avais atteint la destination
.
On peut dire que l'arrivée d'un blanc dans un village africain ne passe pas inaperçue. Les "waza", "bonjour waza", "comment tu t'appelles" fusent de la bouche d'une ribambelle d'enfants.  Et leur visage s'illumine quand on se retourne vers eux et qu'on leu répond. Et donc me voilà débouchant dans le village, distribuant des "bonjours" à droite, à gauche, des "Je m'appelle Denis et toi" à tous. On a vraiment l'impression d'être quelqu'un d'important

16h00 Après avoir vidé quelques fonds de bouteilles d'eau, je décidais de les donner aux enfants aglutinés devant un semblant de porte. C'était presque la cohue pour avoir une bouteille d'eau vide qui leur sert à jouer. L'attente du train de20h commence...

18h Le guide se pointe. Ses yeux sont vaseux, ses propos manquent de cohérence.  Pas de doute,  il est pompette. Et lourdement.  Le groupe lui fait remarquer que ce n'est pas très professionnels de s'adonner à l'alcool. Il promets qu'il ne prendra plus de verre de la soirée.  Et je l'ai cru, grand naïf que je suis.

20h Le dîner est terminé.  Tout le monde est maintenant convaincu,  le train ne sera pas à l'heure. Je reste seul autour d'une table vide à faire un karaoke années 70, opération facilitée par un verre de rhum ingurgité 2h avant . Évidemment je suis seul (Les retraités et pré retraités étant partis se coucher). Puis le guide se pointe un verre à la main,  et là je dessoule immédiatement.  Je lui dis tout le mal que je pense de son comportement. En guise de réponse, il se lance dans des propos d'ivrogne incohérents.

22h J'accompagne le guide à la gare pour avoir plus de renseignements sur le train. Le chef de gare nous informe qu'il pourrait arriver d'ici 2h de temps.  Vraiment ?

Lundi 28/11
00h30 Je suis le seul du groupe à rester réveiller.  Je dois lutter contre le sommeil, ne pas m'endormir afin de ne pas louperl'arrivée du train

1h00 Un bruit sourd se fait entendre au loin. Ça  y est il arrive.  Bonheur et soulagement.  Nous allons enfin dans ub smblant de modedrnité.

2h Le train est déjà plein à craquer.  Nous nous estimons heureux d'avoir réussi à trouver place.  Et là le plus dur reste à faire. Dormir. Les sièges sont durs comme du béton. Si on tend un tant soit peu les jambes, on cogne les genoux du voisin. Je réussis tant bien que mal à fermer les yeux en mode yoga tordu.

6h Arrivée à la gare après une nuit presque blanche.  Enfin !

8h30 Pas de répit. Nous déposons nos affaires à l'hôtel, ingurgitons un petit déjeuner, et embarquons dans le 4/4 qui nous amène à notre prochain trek. Nous voici en train d'attaquer la marche pour aller au village des apôtres  (secte protestante). Les paysages sont diversifiés et magnifiques.  Nous traversons une forêt et marchons dans des sentiers creusés dans la montagne. Photos de carte postale.

13h Nous remontons dans le 4/4, pour faire les 45 km qui nous amèneront jusqu'au bus. La progression du véhicule est lente sur la route en piteux état.  Cela ne ressemble même pas à une route, mais à une succession de cailloux, et morceaux de route, de trous que le chauffeur évite tant bien que mal. Explosé par la fatigue et sous l'effet  de la digestion, nous n'arrivons quand même pas à nous endormir.  Nos têtes se balançaient de droite à gauche en fonction de la route (on était assis sur les sièges arrière du 4/4, 4 d'un côté et 3 de l'autre), se cognant parfois tels des quilles laissées à l'abandon

15h Nous arrivâmes enfin dans notre cher bus. Je m'installais sur mes 2 sièges fermement décidé à m'endormir.  Je m'endormis rapidement, c'était tellement confortable

17h Arrivés à la station naturelle thermale. Il s'agit d'une énorme piscine extérieure  chauffée naturellement. Température autour de 35 degré. Quel bonheur de nager, sous une petite pluie battante.
C'est la saison des pluies. Mais les cieux sont assez cléments pour le moment et les pluies se déclenchent en fin d'après-midi.

Mardi 29/11
7h30 En route vers la forêt de 45000 hectares (grandes forêt) où on peut voir toutes sortes de lémuriens et autres animaux sauvages. Après 2h30 de marche, nous avons aperçu quelques lémuriens se balançant sur une branche d'arbre,  difficiles à photographier.  La guide nous avait bien cité le nom de quelques autres plantes bien difficiles à retenir. Bref aucun intérêt !

12h Le guide nous informe que nous allons manger dans un resto local. Pourquoi pas après tout ! Grossière erreur ! Nous fûmes accueilli par le gérant et une horde de mouches qui allaient nous tenir compagnie pendant le repas. Je commandais un plat local au poulet. On me servit une bouillie de pâtes sans viande. Cherchez pas le lien entre la commande et ce qu'on m'a servi. En plus c'était infecte ! Et en guise de Coca, on nous servit un "big cola", une espèce de boissons au lointain goût de Cola. 2 chats maigres et moches rodaient autour de notre table. Je leur donner des coups de pieds discrets, histoire de me défouler.

A la fin du repas, je me ruais à l'extérieur du restaurant et jetais mon dévolu sur un paquet de gauffrettes au chocolat. Je devais impérativement oublier le goût de cette bouillie.  Elles n'étaient pas exceptionnelles. Que voulez-vous,  il y a des jours où rien ne va !!!

17h30 Arrivée à notre  hôtel, des bungalows gérés par Brigitte,  après un trajet de 12km sur une route défoncée et sous une pluie intense. Rien à signaler ce soir là. .. Ha si, j'allais oublier. Je rentrais prendre ma douche. Sauf que le chauffe eau ne fonctionnant pas trop pour moi, je décidais de me baigner à l'eau froide. Ce qui veut dire que je me devais d'hurler chaque fois que l'eau touchait mon beau torse poilu. 2 mn après mon premier cri, on tembourinna à la porte du bungalow.  3 agents de sécurité locale accourirent affolés se demandant ce qui se passait.  Mon colocataire leur expliqua en éclatant de rire que je prenais ma douche.  Sans commentaire 

Mercredi 30/11
7h Départ de chez Brigitte pour Ambush.

11h30 Succulent déjeuner au restaurant colonial, accompagné d'un groupe de chanteurs local

14h Départ vers Antirabé. Visite d'artisanat locaux: vélo, broderie, corne de zébus.

18h Arrivée à l'hôtel chambre des voyageurs et déjeuner à l'hôtel pousse pousse

Jeudi 01/12
7h30 Départ vers Tananarive.

10h Visite usines pierres précieuses. Quand on parle d'usine, il faut relativiser comme toujours à Mada  (Oui, au bout de 2 semaines de trek, on peut dire Mada au lieu de Madagascar.  On rentre dans le cercle fermé des trekkeurs chevronnés). On est donc accueilli comme des rois  (normal,  on détient la bourse) par le manager général,  le sous chef et une tierce personne. On nous remet un caillou de bienvenue qui doit porter chance soit disant. Ensuite on noys remet un papier blance et on nous emmène devant un tas de cailloux (pierres précieuses non taillées). "Prenez ce que vous voulez" nous dit le manager chef d'un air bienveillant  "la maison offre". Et là,  le petit gars à casquette vient me voir d'un air bienveillant "Attends mon Ami je vais t'en choisir des belles". Et là, il me prend le papier, commence à ramasser des cailloux en s'exclamant à haute voix "Joli caillou", et à boix basse "Pourboire, hein?" J'ai éclaté de rire   Il me répète, "Pourboire, hein?". Je lui dis "Oui, oui". Et je lui glisse un billet de 1000ARI (30centimes d'€)

11h Visite guidée de la ville par guide chevronnée. Tananarive,  ville de 2 millions d'habitants  (Mada, 45% de chômeurs). Viste du palais de la reine, de quelques rues de la ville et du marché.  La foule grouille de partout, les voitures se faufilent dans tous les sens. Un passage piéton, pas de feu ni de respect des priorités.  Mais comment font-ils pour rouler? La foule est dense dans le marché,  les odeurs terribles et la pollution omniprésente

16h30 Arrivée à l'hôtel.  Installation,  brief et dernier dîner.  Ambiance de fin de trek décontractée

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